Je m’intéresse aux origines et aux transformations. Je questionne l’évolution des lieux et des gens qui y vivent. Territoires, changements sociaux et parcours de vie se télescopent, notamment à travers l’organisation de la production matérielle. La production des objets qui délimitent notre quotidien et meublent notre intimité. La production qui impose – ou qui offre – le travail. Un levier de survivance économique autant qu’une machine à fantasmes de réussites. N’est-ce pas delà aussi que naît un grand pan du rapport au territoire? On en tire des ressources, parfois on les épuise et plus souvent encore leur valeur change. Jusqu’à exiger qu’on se transporte d’un lieu vers un autre. Ces rapports complexes s’entremêlent dans des mouvements de va-et-vient, des inversions de direction dans le temps. Je suis particulièrement fasciné par leurs dimensions paradoxales : mes œuvres abordent souvent la nostalgie et la résistance au changement.

Pour donner corps à ces interrogations, je travaille le bois. Je réalise des installations, des sculptures cinétiques ou participatives de même que des objets portables. Mon processus privilégie l’emploi des outils manuels et des techniques traditionnelles: rabots, égoïnes ou vastringues accompagnent les machines-outils dans mon atelier. J’apporte un soin particulier au choix du grain du bois employé. De même lorsque j’y juxtapose des objets recontextualisés. De cette façon, la matière reste toujours une dimension fondamentale de l’œuvre. Au même titre, je propose le processus du travail de cette matière comme faisant partie de l’œuvre elle-même qui conserve ainsi une dimension performative. Dimension performative que j’accentue en réalisant des sculptures pouvant être mises en mouvement par l’artiste ou les regardeurs, ou encore en créant en direct devant public.